28 mars 2007

J'ai mangé un bonhomme assez sucré

Cet après-midi / Hier soir
Dans la vieille boîte en fer / Dans mon lit à cerfs sots
J'ai trouvé des biscuits soleil / J'ai trouvé un jeune homme bien ciré
Croquer dans les dunes sèches / Craquer sous ses yeux de coccinelle à poires
Engouffrant les plages de sable chaud / Absorbant ses dactylographies embras(s)ées sous ma peau
J'ai senti la pâte Sahara dans mon œsophage / J’ai goûté les répliques sucrées de ses sensualités extatiques

22 mars 2007

Brute et Poupée siliconnée

Elle m’a dit
Un jour tu m’as prise
Comme ça par surprise
Un jour on s’est emboîté
Comme des cubes lego roses
Un jour trop longtemps tu es resté
Comme si tu voulais t’oublier en moi
Un jour tu t’es vidé en chantilly pâteuse
Comme si tu n’avais que ça à faire, me souiller

Comme si pour toujours tu voulais y aguicher
Un jour tu es devenue une vilaine poupée
Comme si tu t’préparais pour le trottoir
Un jour tu t’es plastifiée toute nue
Comme des cubes lego noirs
Un jour on s’est emboîté
Comme ça par surprise
Un jour je t’ai prise
Il m’a dit

Et Charles-Edouard dans tout ça ?

Bernard est mort. Bernard n’avait pas de vie. Ou presque. Bernard était laid. Bernard se gominait les cheveux. Bernard y traçait des sillons profonds. Bernard n’aimait pas les faux plis. Les mèches rebelles, non plus. Bernard travaillait dans un haut building. Bernard avait un beau bureau. Un bel ordinateur. De beaux crayons taillés. Une belle tasse à café. Bernard saluait tout le monde. Personne ne lui répondait. Bernard ne se sentait pas seul. Bernard avait quelqu’un dans sa vie. Mais Bernard ne savait pas que George le trompait. George fréquentait souvent le petit Maxim. Bernard ne voyait rien. Bernard avait pourtant de grandes lunettes. Bernard n’était remarqué de personne. Bernard était oublié. De tous. Bernard avait de trop grands mocassins trop bien cirés. Bernard avait une cravate bordeaux à motifs. La chemise de Bernard était tachée de sueur. Bernard saluait tout le monde. Personne ne lui répondait. Bernard rentrait chez lui. Bernard téléphonait à sa maman. Simone. Bernard s’asseyait dans son fauteuil à bascule. Duquel Bernard regardait son poste de télévision. Éteint. Bernard se couchait avec les poules. Bernard embrassait la photo de son idole. Que Bernard avait encadré. Et placé sur sa table de nuit. Avant de dormir. Bernard ne rêvait pas. Bernard se réveillait. Bernard se rasait. Bernard traçait ses sillons. Bernard a fait une crise. D’asthme. Devant son miroir. Bernard est mort. Dans l’embrasure de la porte.