21 décembre 2007

parce qu'on mange toujours avec un couteau

L'intérieur de la tête fait caillou-caillou/ Des pensées graveleuses le tout au ralenti/ Une plage de galets où s'affaisse la mer visqueuse d'un hippocampe mort/ Les jambes meurtris jusqu'à la moelle d'avoir trop/ Les couleurs ont haché vert les corps suants/ Les yeux traînaient lentement sur les autres/ Des verres et des verres pour tout oublier/ Ne plus comprendre les éléphants roses dans un joli dos féminin/ Le froid qui frissonne seul/ Le givre sifflé au petit matin dans un brouillard rempli jusqu'à plus soif avec des fumées grises un cycliste rutilant et des anémones spongieuses jaunies/ Les gens comme des poupées blêmes et vitreuses/ Le lit en plumes d'autruche il fait chaud les membres/ Sommeil/

19 décembre 2007

Chronique d'une faim

Dans l'angle de ma rue
Sur l'échancrure de la fenêtre
Les formes rebondies d'un décolleté
Vitrifié
Il y a des gens aux gants vert
Je leur parlais pendant que
La pluie sèche les éblouissait
D'un sourire mouillé
Les mots s'agglutinaient
Se bousculaient au coin près des
Voitures
L'une d'elle emmena mes yeux
Loin tellement loin
Que je vis une jeune femme peinte au blanc qui
Pendait son linge sale avec ses vieux sourires morts et rapiécés
Les disques trente-trois tours griffés aux mélodies sporadiques essoufflées
Elle hurlait si fort que le petit ramoneur
S'étouffa dans la suie qui embourbait le conduit auditif
Le tunnel d'un vieil homme sourd à la canne de bois
J'ai tiré à bouts de bras mes nerfs et rattrapé
Un œil après l'autre
Pour les faire frire dans la poêle
Puis j'ai cessé de parler
Et j'ai fait glissé mes doigts
Point après point
L'aiguille est rentrée dans ma peau
J'ai recousu ma barbe,
Et ne l'ai plus laisser traîner n'importe où
Avec les petits canards en caoutchouc
Qui se barbouillaient
Dans votre assiette.

14 décembre 2007

Un poisson (...) un bocal

Je l'ai vue
Avec ses grands yeux
Cernés aux crayon noir
Le vert d'eau dans ses iris

Elle mangeait des bonbons
Nuit d'encre qui piquent la langue

J'ai ouvert la bouche quand elle faisait glisser ses doigts
Sans qu'elle ne vît des framboises à éclore sur mes joues blêmes

"Vous n'êtes pas vraiment belle."
"Tu n'es pas vraiment beau."

Je lui ai pris la main pour l'enfuir dans ma paume
Nous allions danser étroits dans le tramway parmi les gens
Dehors les lumières serpentaient sur les façades toutes froides

Son chapeau en neige laineuse
Doux sous les touchers dans les cheveux
Blanc en lune que tout le monde sente ses douceurs

Perdus dans l'air
Elle avait de longs cils en silhouette de danseuse à la barre

Nous avons arrêté de danser
Pour sortir dans la brume glaciale

Sur ma peau je ne sentais plus ses ongles
Figer les choses tout autour et perde le temps pâte sablée
Elle s'est penchée pour laisser s'envoler ses lèvres sur les miennes

Nous n'avons plus jamais valsé parmi eux


Elle ne m'a plus jamais vu

11 décembre 2007

Illusion en tasse de.


dans le
fond
de ma tasse
de thé

j'ai vu le
portrait
d'une petite
fille

elle jouait
à la marelle
ou à colin-
maillard
avec ses jolies
boucles
élastiques

dans la
soucoupe
à côté
il y
avait
un homme qui
attendait

il cueillait
des grains de
sucre
des cristaux qui
pleuvaient
tout
blanc
sur
lui

sur le;
enraciné
dans la
porcelaine
fleurie
un grand
saule qui laissait nager ses
feuilles-
poissons
dans le
nuage glauque
laiteux

mais.

02 décembre 2007

Rendezvousgalant dans poupéerusse

Plic ploc
Entre les gouttes j'ai froid
Mon écharpe dans un bleu métal
Je sais que bientôt
Il pleuvra des lèvres rouges et charmantes
Gourmandes

Le tramway un zoo automatique
Des visages illuminés dans le noir
Mes pieds trempés;
Sous l'abribus il attend
Dans son costume trois pièces

Sa main dans mes doigts
Battreàlachamade et tremolosdanslavoix chatouillent entre les dents
Ses yeux deux canards en sucre
Qui fondent quand personne ne regarde
L'autobus nous attend

Il est parti dans la pluie
Ma vie en bande magnétique
Des séquences à photos filmées
Ses hanches sur les miennes
Un baiser

28 novembre 2007

L'homme assis dans un sourire noir

Dedans il est tout nu
L'homme au regard sucre candide
Émergé à l'intérieur d'une lumière

Dans les draps sa peau endormie
Des cendres des mots émiettées
Dans ton oreille

Lascif ton souffle dans mon cou
Le susurrement de tes longs doigts
Longtemps contre moi

Entre mes mains j'effile des paroles
Extatiques pour te réchauffer dans le froid
Ethérise nos nous

Dans une pluie aux caresses
La danse frénétique peinte à la fête
Ensemble d'un orchestre floral

(NATURE)/vI[NFINI]de – EUX, les autres.

Il y avait une jeune fille
Une cage à oiseaux en poitrine
Dedans, cinq ou six au plumage multicolore

De sa bouche sortait un albatros
Qui sur son dos mer indigo à l'écume de lys
Survolait les formes au ressac salé inépuisable et sensuel

Ses doigts en fleurs
Des pétales aux racines, satinés chromatiques
S'entrelacaient parmi les étoiles dans un vide d'encre

Les cheveux perdus dans l'infini
La toile s'effilait sans cesse, partout les enveloppait chrysalides
Les étincelles glissaient dans leurs mains dans leur estomac dans leur

Ses yeux aux iris papillons gracieux
Dans le vacarme ébruitaient une musique accalmée
Leur être d'une vie passer à naître… un beau matin d'hiver à la neige cotonnée

30 octobre 2007

Une journée à la plage

La mer sort de mes yeux
Larmes-poissons multicolores
L'eau salée coule en averses
Les anémones crépusculaires
À leur zénith dans leur regard

La mer mouille le ciel
Trempée jusqu'à l'os
Elle se jette cascade azurée
Dans leurs bouches béantes
En mal d'amour rougeaud

La mer pleut des cordes moroses
Dans leurs intérieurs pudiques
Elle emplit les cavités-sensations
Elle fait imploser les bulles
D'émotions exacerbées (a)serrées

La mer sort de leurs yeux
L'arme-poison polychrome
L'eau amère neige de froid
Les coraux à l'(e)aube friable
Loin profond dans leurs iris

1 //Accueil de la philosophie

j'ai voyagé tout nu d'un côté à l'autre de mon enfantement
j'étais fœtus en matrice rebondissant sur les battements de cœur
j'ai étouffé dans un arrosoir coincer entre les deux dents
avaler recracher avaler recracher étouffer et respirer
j'ai baigné mon corps dans les viscères au sang javellisé
j'ai choisi la vie en jeu de cartes trempées au froid
je me suis rendu tout imberbe au rasoir affûté et malade
j'ai enfilé une nouvelle peau pour devenir moi-même
et j'ai voyagé tout nu d'un côté à l'autre de l…

27 octobre 2007

2 //17 Brumaire CCXVI

Un fœtus pour mieux renaître s'oublier et devenir
Marcher en binômes vers une autre peau un nouveau nous
Une écorce maculée aux antipodes couleurs indéfinissables
Ils crient tendent le tympan frappent résonnent asservissent
Rentrées dans nos bouches des choses innommables
Chanter l'amour de la vie et des bonnes choses contre le noir
Apprendre à connaître les autres dans le dépassement
Les sourires en poche et faire la boîte à musique seul
A l'intérieur se couper et tenir sa tête entre deux mains
Se tenir droit percer le val oculaire et respirer la rébellion
Un baptême au méthylène en vagues océan frpolaire
Sortir de la matrice devenir pour finalement ÊTRE

14 octobre 2007

Réminiscence oubliée

Elle avait les formes ondulantes
Les cheveux vagues lascives déferlantes sur son dos
La houle au parfum chocolat satiné
Elle avait de grands cils qui vous ligotaient pétrifié ébahi
Qui vous plongeaient dans deux abysses chauds au sourire
Elle avait été dans une autre vie un orchestre à fleurs
Une échappée bariolée qui brillait arc-en-ciel scintillant
Elle avait fondu ses mains dans les miennes
Pour danser frénésie dans une tasse de porcelaine ébréchée
Le thé en transe fruit liquide dans un nuage éperdu
Elle ouvrait la bouche dans une confusion de mots et d'amour
Effaçait avec sa langue les dessins tirés au gris sur l'ardoise

Un jour : elle a disparu
Elle s'est instantanée sable fin devant mes yeux
Elle s'est envolée pluie luminescente dans le crépuscule
Elle reviendra peut-être un jour
Probablement jamais.

13 octobre 2007

Du sang sur les mains

Ruelle / Pavés / Lampadaire / Flaque / Garçon / Cœur

La ruelle est grise les pavés son gris le poteau est gris l'eau est grise le visage est gris le cœur est
Le film en noir et blanc - radio qui grésille dans une grande bouche d'homme à la voix grave
Le vent souffle bouchées de glace dans la ruelle il fait froid aux choses
Les pavés résonnent sous les spasmes font danser les pneus du taxi qui l'attend
Du lampadaire tombe un halo blanc aveugle et irrespirable
Le jeune garçon aux yeux sucre candide les cheveux envolés dans la rafale
Il tient tout gris en noir et blanc entre ses doigts dans ses mains un énorme cœur cinabre
Le cœur sent par ses sens à travers ses yeux sur sa peau : p a r t o u t
Il bat à rompre les amarres s'impatiente fait tomber chapeau melon et bottes de cuir
Le ROUGE dans le frigidaire en plein air dans le sans couleur fait vivre
Le jeune garçon s'écarquille dans le caniveau joue à plaf-plouf dans la flaque
Il a oublié le vide tout autour serre les ventricules et oreillettes rubigineux contre lui
L'autre dans sa tête se déballe un souvenir une carte échangée une sensation ardente
Le taxi qui l'attend part à travers la flaque sous le lampadaire sur les pavés dans la ruelle
Que des riens dans la photographie le garçon son précieux contre ses côtes parti(s) loin de nous

20 septembre 2007

Un poème (2)

J'ai mal aux dents
Elles frissonnent
J'ai mal à l'intérieur de moi
La pêche a pourtant été bonne
J'ai tiré au fil
Tous les souvenirs de la journée
Les choses que j'ai vues
Les personnes
Les touchers
Les autres

Le panier ici à l'intérieur déborde
Le tout s'est amalgamé
Une substance commence à sauter
A vouloir sortir
A danser passion en moi
Elle va éructer
Se faire un passage dans mon œsophage
A travers mes doigts
Un mélange des sens, de sentiments,
D'imaginaire et
D'images

Elle y est
Dans ma bouche
Elle violente
Elle sort
Enfin
Un soulagement
Je me sens mieux
J'essore ma langue pleine de sang

Et je joue avec cette matière
La placant dans les plus beaux moules
Puis, je vois
De jolies formes bien modelées
Je les cisèle
Et je les mets finalement
Dans la devanture
Du grand magasin

12 septembre 2007

angoissé de néo-natalité

quand j’avais pas d’barbe
j’étais un p’tit enfant
on m’disait
« que t’es mignon, toi »
maintenant
il me trouve laid à mourir
je me cache dans mes poils
dans mes cheveux
sous ma peau et mes gros ver(re)s
morte
ils ne comprennent pas
ils ne comprennent plus
je veux qu’on tire le rideau
qu’ils fassent léger ses doigts sur ma joue
un doigt sur mes lèvres
moi j’ai toujours les yeux qui pétillent
moi j’ai toujours le flan en bouche
jouer avec les limaces dans tes cheveux
les lui arracher
elle : ma barbe
enfance d’un grand garçon
qui a peur de devenir

comme vous.

15 août 2007

Eau de ma tique en maisonnée

u
ne
toi
ture
sur une
gouttière
un mur
un mur
un mur
un mur
un mur
un mur
un mur
sur de l'herbe sur de l'he DES FLEURS rbe sur de l'herbe

Se promener dans la petite maison là dans la prairie elle est verte comme les pages jaunies dans la vieille malle de papa qui n'est toujours pas là si do qui sortent de la clarinette avec le violon la jeune femme sur les peaux mortes le long de mes doigts appauvris entre les dents la langue passe à travers et te rencontre de l'autre côté du miroir où le monsieur au briquet est tombé après avoir joué à chien-perché dans la cour de machination diabolique en industrie sulfurique pathétique gymnastique acrobatique dans les draps qui sentent bon une cuillère de caviar d'ananas tombé loin de l'arbre tout droit planté dans le jardin des pages jaunies de la petite maison dans la prairie.

10 août 2007

Boucle d’or entre les doigts

Il a ouvert les yeux d’or
Il en a mis dans ses cheveux
Dans ses gestes dans ses mots
Il a pris le lys d’un moi d’avril entre ses dents
La bouche en fleur
Pétales après pétales ont fait tomber le couchant
Il a chiné des étincelles des paillettes ciselées à même l’âme
Pluie magistrale
Parfumant la nuit d'un monde houilleux
Une course évaporée dans l’invisible impalpable inaudible
Il souffle l’aurore sur les songes à coup de cris
A v a n c e r
Pas après pas dans la rosée scintillante
La mine terre (de) sienne
Et pourtant d’or et déjà perdu
Tu t’es égaré … ici dans mon oreille
Mais luciole en cage
Lanterne lippue
Entre mes mains
Tu n’éclaireras que notre nous

Monsieur,
J’ai ouvert les yeux d’or

06 août 2007

Luminaissance (con-)

Un grand désert aux ondes filiformes
Une silhouette diaphane et évanescente
Les cheveux écrits dans le vent
Sur une pierre
Le corps élancé le visage doux
Visage vide
Pas d’yeux pas de nez
Pas d’oreilles
Elle sent de son for incandescent
Une fosse en bouche
Une cascade de rayons blancs au zénith
Elle vomit régurgite sort de soi un halo luminescent
Les doigts effilés perdus dans son pourtour
En chasse
Tâter
De petites étincelles chaleureuses
D’infimes éclats lumineux
Du bout des ongles
Les prélever
Et les absorber
Aveugle
Elle sent les convulsions
Les transparences
Entrée et sorties simultanées
Disposée
Pour l’éternité
L U M I È R E

27 juillet 2007

Schizophrénie sociétale

Marcher au pas. Soldats de plomb. Marcher et errer. S'étouffer la fourchette en bouche. La VILLE. Ingérer les cellules adipeuses à la masse vitesse. Des gens simples et sans couteaux dans les paroles / profession : parolier-coutelier. Des musiques. Les clicks qui résonnent, les sauterelles cliquètent. Un chapeau sur le vent. Un homme, l'air grisonnant, les dents jaunies de vieux journaux. Il a la bourse (voire les bourses) pleine(s), les doigts longs et morts. Elle vient droit et contourne son antre motorisé. Elle (n') est (pas) (encore) perdue. La montre dans l'œil qui louche sur le sauvage. Le tramway déraille dans le gouffre, dans son estomac. Manger à n'en savoir plus dégrossir la finesse. Les pavés. Le costume trois pièces : amour, gloire et beauté. Roulent roulent roulent les petites formes austères et livides. Les lèvres échappées dans un sceau. Vomissent tout en noir, tout en néons, tout en lambeaux. Régurgiter dans les plans infernaux. Perdu dans les fumées expulsées en nuages astrophobes, hors de leur bouche, hors de leur trou, perdu dans les narines : un cafard. Et la sueur de tomber en grosses gouttes le long des hanches. Éviter les sentiers des autres, leur lancer des (pots de) fleurs et leur casser le sourire épinglé aux rides. Bas les masques, fissures dans les neurones alignés sans ouvertures. Briguer dans l’utérus précaire de la voisine, de petites framboises sanguines. Marcher au pas. Toujours suivre le métronome. Oublier que tout le monde aura deux pieds, deux jambes, un tronc, un cerveau et ses deux oreilles dans la tombe. Oublier qu'ils se vomissent dessus. L'asphalte. La sueur coule à flot. Sous la terre d’énormes électricités toutes droites et bientôt en soif de lumière. Un briquet sagace entre ses dents au rouge sur la langue. Les automobiles – la main s'agite – pétaradant les phares à paupières glacés dans le RÉTROviseur. Une photographie au jasmin. Parfois – très/trop peu – se sentir réceptacle et donneur dans un halo cristallin. Réciprocité. Chaleur. Être aveugle et voir et sentir. Être bête et le savoir. Ne pas feinter. Ils mentent toujours, eux tous, dans la foule. Ils mentent à leur essence puisée dans un désert creux. Un effluve de thé. Battre la (dé)mesure de l'oubli de l'autre. Le vrombissement des ailes éclectiques. Les couleurs en effusion. Un voyage lointain ici. Regarder dans la tradition. Ouvrir son être aux autres bariolés, les non-comme-nous. S'oublier encore un peu. Marcher au pas en croquant des grappes de raisins et son intrinsèque entre les doigts. Et finalement mourir pour quelque chose.

17 juillet 2007

Enfermé(e)(s) dans un réfrigérateur. On ne meurt pas.

Zoé et Marion sont claustrophobes lorsqu'elles mettent leur culotte à l'envers. Mais Zoé ne connaît pas Marion, qui n'est d'ailleurs que la seule à vraiment se connaître, les autres s'évertuant à simplement la comprendre.

Elles étaient assises l'une à côté de l'autre dans l'âtre au cinéma. Le feu brûlait à plein régime, comme un moteur dans une belle automobile. Le feu les consumait de l'intérieur cuir. Elles en avaient le cœur gros, la larme à l'œil et le mascara qui coulait en eau de rose.

Zoé était emprunte aux crises d'arithmétique aiguë causées par les réminiscence orgasmiques que lui créait le souvenir dément de son professeur de mathématiques, qu'elle avait expédié de poudre d'escampette à l'âge de treize ans et, qui n'était autre que la mère biologique de la grande Marion.

Marion était grande, en effet. Un mètre quatre-vingt de confiance en soi et une infinité de neurones jusqu'à la pointe des cheveux… Marion senti quelque chose entre les lignes de sa main : la main de Zoé. Le cœur avait lâché.

Marion haïssait la sueur qui s'écoulait d'un(e) autre dans les veinules qui lui badigeonnaient les ongles en polystyrène. Marion haïssait déjà cette femme aux cheveux vert saturnien comme une orange qui saigne sous le couteau, tout droit sorti de son emballage.

Zoé avait sorti son livre de chevet et se moucha bruyamment. Les feuillets, où les lettres imprimées, mouillées, se disséminaient, toutes parties se cacher devant l'effroyable ouragan muqueux qu'avait perforé ce ballon de baudruche aux tâches de rousseurs trop timides pour se montrer, (les feuillets) n'avaient plus d'être.

Marion détestait DÉFINITIVEMENT Zoé.

Zoé avait retiré sa main. Elle allait sortir et se mettre dans son frigidaire. Un bon granité ou un mousse d'amande. Marion a bien mangé.

14 juillet 2007

Songe d'une nuit d'été

La nuit
Sur le sentier
Nous nous sommes racontés des choses
Des histoires
Puis, nous nous sommes assis dans l’herbe
Les perles d’eau tombées au compte-gouttes
Mouillés
Nous avons regardé dans l’infini
Tu m’as dit
Regarde, le ciel
C’est une grande toile cirée
Partout percée par des aiguilles
Et derrière, tu trouveras un grand spot
Et puis,
Tu t’es allongé sur mon corps
Tu m’as embrassé
Et nous avons vu filer les étoiles
Dans les nuées gracieuses et suaves
Et tu m’as murmuré entre les lèvres
La lumière, c’est moi
Déchire la toile
Je suis ici et là-bas
Immanence transcendée
Il m’aura juste suffi
De me fondre dans ta lumière
Et d’y rester

26 juin 2007

Conte à rebours en acrostiche III.

Il était une fois, l’histoire étrange et bizarre d’un pauvre chat rouge changé, par
Le Crapaud Radis - ravi par la suite en caviar hors de prix -, en beau prince charmant

Étriqué, trop vomi pour marcher en fourmi hérissée. Il lui dit : « Pourquoi as-
Tu fais cela ? J’aimais me lover dans ses bras où elle me caressait pour ce que j’étais ».
« Ah quel ingrat », dit le batracien, « Remercie-moi ! Tu pourras l'aimer, enfin
Incrusté entre ses doigts. » Notre chat en homme velu, n’était pas plus heureux.
Troublé à n’en plus savoir quoi penser, il se rendit dans les bras de sa maîtresse, et,

Une fois l’avoir fait, se fit jeter violemment dans les cailloux piquants et ardents. Il
Ne se fit alors pas à l’idée de devoir se jeter dans le mare, se mouillant, pour se refroidir.
Entre temps, il avait eu largement eu l'occasion de vociférer, de cracher contre l’impie,

Fredonnant le peu d’ego qu’il pouvait lui rester. Hors de lui, il se rendit chez le Radis :
« Oh, toi, le visqueux, remets-moi dans mes pantoufles bien griffues et poilues ! » Ainsi,
Instantanément dans un BOUM retentissant notre chat qui n’était pas chat, resta
Sous les traits de cet homme qu’il avait tant décrié. Le crapaud, eh oui, l’avait bien dupé.


Morale =
« Ne jamais bronzer tous ses airs à un pauvre vilain, vous pourriez sacrément le regretter. »

Ancestors/J'ai déjà fait mon deuil

À deux mains ou sur les oreilles
Marcher dans les horizons tapissés aux sardines
Dans l'eau poisseuse elle sent la robe grillée
Les (pois)sons dansent entre les narines
Au milieu de la grande boîte aux lettres
Un grand arbre aux branches désarticulées
Des cristaux de lumière des gouttes éclatantes
Éclaboussant les yeux dans la marre, puis
T
o
m
b
e
n
t
Doucement dans chaque paupière
Souvenir glacé aux pupilles gustatives
Réminiscence de la jolie madeleine
Sous les dents sur la langue
Invisible transparente désagrégée vaporeuse
Fermer les yeux et les rouvrir
ILS ONT ABATTU LA MAISONNETTE ROUGE
Courir avant de ne trop tarder
Les cueillir une à une les étincelles aqueuses
Avec, finalement jouer aux dés dans le ciel peint au pétrole
Il neige tout l'océan au rez-de-marée
Cracher dans l'abysse, dans l'invisible
Fini de s'amouracher d'un rien, fini colin-maillard
Mais pourtant à nouveau fermer les lobes sous mes sourcils
Un toboggan énorme où se laisser glisser dans le vide
S'évaser parmi les autres riens
P E R S O N N E
S'endormir dans les draps à l'écume de soi(e)
Il ne fait pas froid il ne fait pas chaud
Il fait peut-être noir
Il fera sans rien dans les sens
Mais je ne m'en souviendrai plus

20 juin 2007

Post-Mortisme

J'ai perdu mon sourire et mes dents
Dans la paume où s'était laissée aller ma langue
Ils sont tombés
Comme ça
Sans crier gare
Les yeux ont suivis
Puis les oreilles trop arrondies
Ensuite mes bras et mes jambes
Enfin, ils étaient tous partis
Je n'avais plus rien pour moi
Même moi, je me suis abandonné
Là dans le trou dans la terre
Loin
Profondément
Et pour la première fois
IL s'est vraiment senti seul

Autoportrait/JE écrit par MOI écrit par MOI-MÊME écrit par (vide)

J'ai de grandes lunettes carrées
Le regard arrondi sur des fossettes au sourire aimanté
J'ai les yeux sporadiquement abyssaux
Les pupilles courent sur les mots, où le Verbe est roi
J'ai l'haleine de verre et le souffle de glace
Ils fondront le malheur d'au-trui(e)
J'ai la bouche aux rondeurs bien placées
D'un rouge à faire jalouser un coquelicot au mois de juin
J'ai le fil de soie en barbelé sur le visage
La toison où me cacher les jours de grandes chaleurs
J'ai les oreilles détachables non remboursables
Perdues un peu partout s'abreuvant d'un do ou d'un la
J'ai les mains en forêt abruptes et triangulaires
Sur son corps sur son visage dans ses cheveux dans
J'ai les mèches en désaccord
En boucle lisse sur une luge dans le vent
J'ai des collines pseudopodes bien pensants
Chacun au bout d'une jambe en éventail planqué dans la prise
J'ai les viscères de sortie en gribouillis adipeux
Sur des côtes à l'os trop tendre dans la poêle
Je m'appelle ãrash
Mais je suis

Deux gifles pour le mécréant, DEUX !

Il avait le front strié aux élastiques
Des voix ferrées où suintaient les étincelles suantes
Dans ses petits yeux froids au vide sidéral
Les mots ne venaient pas
La chaleur suffoquait les émois
Son sourire de caniche à bordures dentelées
Les longs doigts morts serpentaient sur les bajoues
L'assassinat était proche
Lui était loin
Et moi
Moi, j'essayais de fuir

18 mai 2007

Ballet urbain

Au réverbère mort dorée
Sur le parquet qui craque de la place
Elle mange des pas de bourré à l'estampe aseptisée
Arabesques dans le miel des acacias desséchés
Les pigeons marionnettes désarticulées elle coupe les fils
Elle s'embobine dans sa doublure
Amalgames au mangeoire de toile cirée
Porté poisson dans le canal aux effluves argentiques
Elle rit les nageoires en paupières
Le manège tourne dans le ciel métastasé
Elle chante dans le placard
Opéra en quatre taons

Et les badauds oublient. Et les badauds oublient. Et les badauds oublient.

16 mai 2007

mon amour de velours.

tu prétends rendre monochromes tes seins en bleu outre-ciel, j'en vois de toutes les couleurs
j'ai peur, je fonds, je glisse et tu pars, non reviens, viens me montrer tes jolis doigtés titubant dans la jungle hostile à bouches, plâtrés en œuf coquecigrue qui s'envolent et ne laissent la place qu'aux seules pages et aux lettres disséminées, pourtant tu joues les funambules sur une nouille à craqueler les cacahuètes dans tes paumes azurées, apprends moi tes tours, parfois friponne, tu déambules à chatons soyeux sur ses grands yeux en lait d'amandes douces, je dors dans tes cheveux épars que tu fais s'effiler dans tes firmaments.

(je veux qu'elle enfonce loin ses ongles)
(qu'elle farandole dans ses jupons de taffetas)
(et qu'elle me perde dans son univers rêvé d'amours)


une main dans la mienne
viens on part,
nous les oublierons tous.

13 mai 2007

Impression II/Reveil mat(o)in

Au réveil
Le regarder
Un claquement d'aile sous son arcade
Un sourire en poupe
Un baiser,

"Bonjour".

Mal-être stromboscopique

BlingBling
dans son oreille
sans gouvernail
feux blancs

BlingBing
lumières
sur le visage émacié
cerveau vidé

BlingBling
parure ostentatoire
joli minoi
dentition parfaite

BlingBlong
brillant perdu
vide cosmique
à jeter.

Rêve, vertèbre par vertèbre

Le paquebot souffle sur la mer.
Tonnent, les cuivres. Grondent et vrombissent, les tambours en régiment. Rythmes.
Une tempête s'est parée de tous ses artifices. Manucure.
Il a les yeux jaunes.
Il est là, derrière moi. Je suis couché. Non. Je suis en toupie. Je le sens derrière mes reins. Son souffle aigre dans ma nuque. Il me découpera en tampons encreurs. Je le sais.
Il ne veut que ça, des morceaudeelles. Elle ne bouge pas. Il la tuera.
Il s'avance. Le bruit des flaques d'eau croupie nauséabonde dans le silence abassourdi.


Un cri.


Le parquet qui grince mou et humide, glisse muet sous les souliers cirés.
Dans son impair vieille algue, son chapeau plume d'albatros. Ses mains énormes, montagnes à pelleteuses. Une bourrasque pour l'envoler ?
Claustrophobie à piques de cristal. Cage à cafard. Images à gueule ouverte. Crocs saillants.
Vieille prostituée amorphe.
Il s'avance. Il se rapproche. Je suis déjà morte. Bâillonnée, sans rescousse. Ils n'en n'ont rien à faire. Je sens son regard acide au citron avarié. Je ne suis qu'une aire de je(ux) malsain(s). Il est décidé. Je le sens.
Il ne tremblera pas.
Peur aux viscères.
Tas de tripes dans ses yeux. Un boucher.
S'il vous plaît ? Rien.







Un cri.
Deux cris.

Ils n'entendront que le vent(re) en épaulettes absurdes. Le vide entre les vertèbres.
Le froid qui envahit les sens. Vacuum.

Ses yeux jaunes.
Gel.

Impression I/Envol

Une
Route
Il marche
Il étend le bout des doigts
Il monte dans l'escalier de vide
À l'étage, la salle des mains sidérales…


Réveil.

08 mai 2007

Tonneau percé

Grand-père a trop bu. Grand-père a trop bu. Grand-père a trop bu. Grand-mère sortirait bien de ses gonds. Les eaux de vies qu’ils disent. Elles le conduiront dans les danses macabres. Elle lui enfoncerait bien les cinq doigts dans les yeux. Elle ne le supporte plus. Grand-père boit. Grand-père boit. Grand-père boit. Il boite depuis longtemps déjà. Le vin selon le médecin, ça conserve. Il vous met dans la boîte à clous en épitaphe. La vieilles liqueurs dorées dans l’abat-jour. Bientôt. Grand-père a trop bu. Grand-père a trop bu. Grand-père a trop bu.


Elle prend la bouteille.
Grand-père a trop bu. Grand père a. Les fourmis s’agitent sur son crâne. Le sang coule en napperon polyphonique sur son visage. Il voit rouge mais n’a plus la force. Il ne dit plus un mot.

Grand-père ne tient plus debout.






Grand-mère pèle ses pommes de terre.
Grand-père avait trop bu. Grand-père avait trop bu. Grand-père avait trop.

Transports uncommuns

Les aiguilles se font une beauté. L’air est moite, il colle aux mains. Il pleut. Les fleurs sont mortes dans le caniveau.
Je suis assis sur le banc. Le petit se bat contre les gouttes de pluie rangées en garnisons sur le rebord de l’abri.
J’ai froid.
Le tramway montre ses bajoues. Il crisse en étincelles. Les sceaux de lumière inonde le trottoir déjà trop imbibé. Le chauffeur siffle dans son chapeau.
J’entre dans le vestibule éraillé. J’ai trouvé mon trône.
Je colle mon nez à glue sur la glace aux reflets. Les spermatozoïdes font la course sur les bas-côtés.
J’ai froid.
J’ai fermé mes gourdes acoustiques au ventriloque à côté de moi.
Ils me fatiguent.
J’ai fermé les yeux. Les paupières en béton armé.
Je suis couché. Non. Bouffi en toupie. Je le sens derrière moi. Son souffle aigre dans ma nuque. Il me découpera en tampons encreurs. Je le sais. Il ne veut que ça, des morceaudemois. Je ne bouge pas. Il me tuera.
Le ventriloque n’est pas mort, lui. J’ouvre mes volets. Je fronce les pupilles Je n’ai rien à faire.
J’ai froid.
Le tramway amas de lumière dans le ciel gris en brouillard. Je me vois à travers les arbres. Je regarde le film. Celui de tous les jours. Ils changent parfois. J’ai droit aux grandes histoires d’amour, aux déserts lustrés dans le vide.
Je vois ces vies qui s’affranchissent. Je vois ces regards perdus. J’entends les mots. Ils me font peur.
J’ai froid.
Je suis arrivé. J’ai mal aux jambes. Il m’attendra de l’autre côté du fil. Je marche.
J’ai froid.

03 mai 2007

Pastiche astiqué

Dans les favoris paranoïaques
Dans les jeunes filles en fleur
Dans les lumières acidulées
Je dactylographie ton nom

Dans les quais à pas chassés des gares
Dans les borborygmes insignifiants
Dans les bagatelles éclaboussées
Je dactylographie ton nom

Dans les souliers mouillés
Dans les flocons maternels
Dans un baiser sucré volé
Je dactylographie ton nom

Dans l'aéroplane écrasé dans mon cou
Dans de sourds mots chuchotés
Dans les peurs juvéniles
Je dactylographie ton nom

Dans un trop chaud lit d'hôpital
Dans un coquin bien épicé
Dans un sourire entendu
Je dactylographie ton nom

Dans les tangos embrasés sensuels
Dans les jardins botaniques
Dans les mains agrippées
Je dactylographie ton nom

Dans une tente bien vide
Dans un(e) coup(e) de fil tardif
Dans les manques écœurés
Je dactylographie ton nom

Dans les départs impromptus
Dans l'oiseau à moteurs
Dans un moi(s) au désert
Je dactylographie ton nom

Dans les joutes sonores robotisées
Dans les trains somnambules nommés désir
Dans les embrassades étouffées asphyxiantes
Je dactylographie ton nom

Dans les salons de lectures
Dans les beaux au bois dormant
Dans les combats de boxe à sceaux de rire
Je dactylographie ton nom

Dans les rythmes polychromes
Dans les corridors arc-boutés
Dans les jalousies grimaçantes
Je dactylographie ton nom

Dans les bouteilles de caviar vitriolé
Dans les étincelles fourmillantes
Dans les méduses à perruques
Je dactylographie ton nom

Dans les annales égrainés et sableux
Dans les pantalons pâtes d'éléphants
Dans les cinémas sorbets cassis
Je dactylographie ton nom

Dans les cafés apéritifs
Dans les balbutiement photographiés
Dans les sourires en proue contre le monde
Je dactylographie ton nom

Dans les aveux télégraphiés
Dans les manèges impuissants
Dans les têtes prêt-à-porter
Je dactylographie ton nom

Dans les rossignols printaniers
Dans des lèvres asservies
Dans la douches à sueur
Je dactylographie ton nom

Dans une langue herpétologiste
Dans la solitude accompagnée
Dans des pupilles amourachées
Je dactylographie ton nom

Et grâce à cette tête de mioche
Appelé sans concession
Grâce à ces mains et ces mots
Un baiser toujours prêt à gronder

M*.

16 avril 2007

Notes ante-mortem

Je voudrai à nouveau être tout près de moi
Me caresser, me sentir,
Et me séduire
Encore longtemps
J'aimerais jouer avec les iris brûlantes d'horreur
Et me battre contre les guerriers d'arc-en-ciel
Dont je couperai les têtes de vices
Le long du sentier violacé
Je courrai et
Alors, je
Me colorierai avec leurs pastels glacés
Et j'ouvrirai mes esgourdes aux noix de cajou grillées
Aux fourmillement dans mes jambes ronflantes
Et aux avalanches du temps tempétueux
En gouttes infi(r)mes
Infinies et désespérées
Les récoltant dans ma main ennuagée
Ou les foulant de mon buisson de pied
Recrachant les vielles amertumes écumantes
Et le cafard dans ma gorge
Je donnerai mon lot à l'humanité
Déséquilibrée
Tangente, funambule sur le fil des marionnettes anonymes
Cintré[e]s en guenilles
Perdu[e]s
Nous nous sommes laissés et nous laisserons guider aveuglement
Je palperai les vieux vents
Les vieux airs entêtants
Aspergés sur les vitres sales de l'automobile
Je finirai par pleurer les larmes de lampe à pétrole
Celle qui m'éclairera en plein jour
Seul, dans la foule
J'avancerai
À ras les moustaches.

04 avril 2007

Il lui manque un jet d'ancre

Dans la gare
Les pas résonnent
Sur le quai il crie au suicide
Nous n’avons pas eu le temps dire « voix lactée »
Que le contrôleur a soufflé dans son sifflet et nous a fait exploser les tympans
A coups de marteaux pneumatiques carrément pointus en notes acerbes bariolées

Je l’ai tué
A coupes de ciseaux à bulles.

Voyage au féminin

j’ai pris le train pour
m’aventurer entre tes seins
dans ce jardin aux galaxies émulsionnées

j’ai mis mes mains en
ventouses sur les vitres sales
pour mieux déguster le paysage corporel

j’ai pris le train pour
entrer en toi sans queues ni têtes
dans tes cavernes léchées à miroir à rebonds

j’ai mis mes doigts en
criant dans les ballons de baudruche
pour assoiffer mes lubies allumées au briquet lippu

28 mars 2007

J'ai mangé un bonhomme assez sucré

Cet après-midi / Hier soir
Dans la vieille boîte en fer / Dans mon lit à cerfs sots
J'ai trouvé des biscuits soleil / J'ai trouvé un jeune homme bien ciré
Croquer dans les dunes sèches / Craquer sous ses yeux de coccinelle à poires
Engouffrant les plages de sable chaud / Absorbant ses dactylographies embras(s)ées sous ma peau
J'ai senti la pâte Sahara dans mon œsophage / J’ai goûté les répliques sucrées de ses sensualités extatiques

22 mars 2007

Brute et Poupée siliconnée

Elle m’a dit
Un jour tu m’as prise
Comme ça par surprise
Un jour on s’est emboîté
Comme des cubes lego roses
Un jour trop longtemps tu es resté
Comme si tu voulais t’oublier en moi
Un jour tu t’es vidé en chantilly pâteuse
Comme si tu n’avais que ça à faire, me souiller

Comme si pour toujours tu voulais y aguicher
Un jour tu es devenue une vilaine poupée
Comme si tu t’préparais pour le trottoir
Un jour tu t’es plastifiée toute nue
Comme des cubes lego noirs
Un jour on s’est emboîté
Comme ça par surprise
Un jour je t’ai prise
Il m’a dit

Et Charles-Edouard dans tout ça ?

Bernard est mort. Bernard n’avait pas de vie. Ou presque. Bernard était laid. Bernard se gominait les cheveux. Bernard y traçait des sillons profonds. Bernard n’aimait pas les faux plis. Les mèches rebelles, non plus. Bernard travaillait dans un haut building. Bernard avait un beau bureau. Un bel ordinateur. De beaux crayons taillés. Une belle tasse à café. Bernard saluait tout le monde. Personne ne lui répondait. Bernard ne se sentait pas seul. Bernard avait quelqu’un dans sa vie. Mais Bernard ne savait pas que George le trompait. George fréquentait souvent le petit Maxim. Bernard ne voyait rien. Bernard avait pourtant de grandes lunettes. Bernard n’était remarqué de personne. Bernard était oublié. De tous. Bernard avait de trop grands mocassins trop bien cirés. Bernard avait une cravate bordeaux à motifs. La chemise de Bernard était tachée de sueur. Bernard saluait tout le monde. Personne ne lui répondait. Bernard rentrait chez lui. Bernard téléphonait à sa maman. Simone. Bernard s’asseyait dans son fauteuil à bascule. Duquel Bernard regardait son poste de télévision. Éteint. Bernard se couchait avec les poules. Bernard embrassait la photo de son idole. Que Bernard avait encadré. Et placé sur sa table de nuit. Avant de dormir. Bernard ne rêvait pas. Bernard se réveillait. Bernard se rasait. Bernard traçait ses sillons. Bernard a fait une crise. D’asthme. Devant son miroir. Bernard est mort. Dans l’embrasure de la porte.

08 février 2007

lancez les iDÉes

J’ai des idées en formes de lettres.

Elles dansent dans ma tête mais ne sortiront pas
Elles se mâchent entre mes dents, sur ma langue
Elles s’étriquent dans mes yeux charbonnés
Elles sont là entre mes doigts trop secs

Elles ne s’écoulent plus en encre créative
Elles ne sont plus fluides ni polychromes
Elles se figent dans ses miroirs oculaires
Elles se ternissent à l’ombre des chênes

Difficiles à cracher
Sur la feuille blanche tout imberbe.

J’ai des idées en formes de mots.
Sifflés dans son oreille à demi-maux.

J’ai des idées en formes de.

30 janvier 2007

Mon beau miroir.

j’me suis renversé dans mon miroir
il était là, mon autre qui m’faisait peur
je l’ai embrassé en fleur de narcisse
cloisonné entre mes pupilles trop naïves

j’me suis vu en double et pourtant
il en a vu des autres et des autres
je l’ai perdu parmi mes (é)mois
assoiffé de vanités trop parlantes

je ne sais plus qui je suis, qui je est
ou qui il est, me suit-il ? Seulement
je sais que nous, que mon autre et moi
a(vons) un joli toi… où nous regarder.

13 janvier 2007

un nuit dans la fumée

un soir
il est venu
il m’a regardé
il avait froid aux yeux
et puis il s’était pris dans un nuage de fumée

ensuite plus rien
plus l’ombre de lui
j’aurais peut-être voulu
quelque chose de ce quelqu’un
ce quelqu’un dont j’aurais pu embrasser les petites lèvres si rouges

il faisait noir
un quelque part
dans une gare de trains
il faisait des entre-chats, des va-et-vient, pour me donner un timide baiser volé

un soir
il est reparti
il ne m’a plus regardé
il n’avait plus froid aux yeux
et puis il s’est enfui dans un nuage de fumée et a regagné ses petits souliers tout bien cirés.

01 janvier 2007

Soie ré.

MONSIEUR est monté en haut de l’escalier de crème. Glace vanille en tapis rouge.

MONSIEUR les éjectait. Criant strident sur ses cordes de violon scelle aux do – [ré] – mi – no_(r)maux. En sonorités rocambolesques. Chevauchées en rivières de taffetas trop roses en tutu. Tendait les jambes en position première, deuxième, quatrième, marche-arrière.
MONSIEUR était du genre élé_gant(s) blanc(s) et belle redingote noire qui s’effilait en ciels étoilés, firmaments sans combles. Dans un brouillard évaporé.


MONSIEUR avait invité MADEMOISELLE à aller faire des ricochets de temps perdus, de taons en néon artificiel, de mannequins sensu_elles. Et à éclairer, en lucioles de satin, leurs visages masqués.



Baise main, pantoufle de verre, vingt quatre coups de midi.
MONSIEUR ne lésine par sur les chandelles. Porte-monnaie en strass. Regard d’orchidée.




MADEMOISELLE est montée sur ses grands cheveux. Des ombres sur les courbes lascives. A claqué des orteils une couette plumée polychrome. Un dos de mouette, de pigeon carillon, en tête de lit.
MONSIEUR se fond en corps amoureux.
MADEMOISELLE sera-t-elle MADAME ?

MADAME, MONSIEUR, bonsoir.