18 mai 2007

Ballet urbain

Au réverbère mort dorée
Sur le parquet qui craque de la place
Elle mange des pas de bourré à l'estampe aseptisée
Arabesques dans le miel des acacias desséchés
Les pigeons marionnettes désarticulées elle coupe les fils
Elle s'embobine dans sa doublure
Amalgames au mangeoire de toile cirée
Porté poisson dans le canal aux effluves argentiques
Elle rit les nageoires en paupières
Le manège tourne dans le ciel métastasé
Elle chante dans le placard
Opéra en quatre taons

Et les badauds oublient. Et les badauds oublient. Et les badauds oublient.

16 mai 2007

mon amour de velours.

tu prétends rendre monochromes tes seins en bleu outre-ciel, j'en vois de toutes les couleurs
j'ai peur, je fonds, je glisse et tu pars, non reviens, viens me montrer tes jolis doigtés titubant dans la jungle hostile à bouches, plâtrés en œuf coquecigrue qui s'envolent et ne laissent la place qu'aux seules pages et aux lettres disséminées, pourtant tu joues les funambules sur une nouille à craqueler les cacahuètes dans tes paumes azurées, apprends moi tes tours, parfois friponne, tu déambules à chatons soyeux sur ses grands yeux en lait d'amandes douces, je dors dans tes cheveux épars que tu fais s'effiler dans tes firmaments.

(je veux qu'elle enfonce loin ses ongles)
(qu'elle farandole dans ses jupons de taffetas)
(et qu'elle me perde dans son univers rêvé d'amours)


une main dans la mienne
viens on part,
nous les oublierons tous.

13 mai 2007

Impression II/Reveil mat(o)in

Au réveil
Le regarder
Un claquement d'aile sous son arcade
Un sourire en poupe
Un baiser,

"Bonjour".

Mal-être stromboscopique

BlingBling
dans son oreille
sans gouvernail
feux blancs

BlingBing
lumières
sur le visage émacié
cerveau vidé

BlingBling
parure ostentatoire
joli minoi
dentition parfaite

BlingBlong
brillant perdu
vide cosmique
à jeter.

Rêve, vertèbre par vertèbre

Le paquebot souffle sur la mer.
Tonnent, les cuivres. Grondent et vrombissent, les tambours en régiment. Rythmes.
Une tempête s'est parée de tous ses artifices. Manucure.
Il a les yeux jaunes.
Il est là, derrière moi. Je suis couché. Non. Je suis en toupie. Je le sens derrière mes reins. Son souffle aigre dans ma nuque. Il me découpera en tampons encreurs. Je le sais.
Il ne veut que ça, des morceaudeelles. Elle ne bouge pas. Il la tuera.
Il s'avance. Le bruit des flaques d'eau croupie nauséabonde dans le silence abassourdi.


Un cri.


Le parquet qui grince mou et humide, glisse muet sous les souliers cirés.
Dans son impair vieille algue, son chapeau plume d'albatros. Ses mains énormes, montagnes à pelleteuses. Une bourrasque pour l'envoler ?
Claustrophobie à piques de cristal. Cage à cafard. Images à gueule ouverte. Crocs saillants.
Vieille prostituée amorphe.
Il s'avance. Il se rapproche. Je suis déjà morte. Bâillonnée, sans rescousse. Ils n'en n'ont rien à faire. Je sens son regard acide au citron avarié. Je ne suis qu'une aire de je(ux) malsain(s). Il est décidé. Je le sens.
Il ne tremblera pas.
Peur aux viscères.
Tas de tripes dans ses yeux. Un boucher.
S'il vous plaît ? Rien.







Un cri.
Deux cris.

Ils n'entendront que le vent(re) en épaulettes absurdes. Le vide entre les vertèbres.
Le froid qui envahit les sens. Vacuum.

Ses yeux jaunes.
Gel.

Impression I/Envol

Une
Route
Il marche
Il étend le bout des doigts
Il monte dans l'escalier de vide
À l'étage, la salle des mains sidérales…


Réveil.

08 mai 2007

Tonneau percé

Grand-père a trop bu. Grand-père a trop bu. Grand-père a trop bu. Grand-mère sortirait bien de ses gonds. Les eaux de vies qu’ils disent. Elles le conduiront dans les danses macabres. Elle lui enfoncerait bien les cinq doigts dans les yeux. Elle ne le supporte plus. Grand-père boit. Grand-père boit. Grand-père boit. Il boite depuis longtemps déjà. Le vin selon le médecin, ça conserve. Il vous met dans la boîte à clous en épitaphe. La vieilles liqueurs dorées dans l’abat-jour. Bientôt. Grand-père a trop bu. Grand-père a trop bu. Grand-père a trop bu.


Elle prend la bouteille.
Grand-père a trop bu. Grand père a. Les fourmis s’agitent sur son crâne. Le sang coule en napperon polyphonique sur son visage. Il voit rouge mais n’a plus la force. Il ne dit plus un mot.

Grand-père ne tient plus debout.






Grand-mère pèle ses pommes de terre.
Grand-père avait trop bu. Grand-père avait trop bu. Grand-père avait trop.

Transports uncommuns

Les aiguilles se font une beauté. L’air est moite, il colle aux mains. Il pleut. Les fleurs sont mortes dans le caniveau.
Je suis assis sur le banc. Le petit se bat contre les gouttes de pluie rangées en garnisons sur le rebord de l’abri.
J’ai froid.
Le tramway montre ses bajoues. Il crisse en étincelles. Les sceaux de lumière inonde le trottoir déjà trop imbibé. Le chauffeur siffle dans son chapeau.
J’entre dans le vestibule éraillé. J’ai trouvé mon trône.
Je colle mon nez à glue sur la glace aux reflets. Les spermatozoïdes font la course sur les bas-côtés.
J’ai froid.
J’ai fermé mes gourdes acoustiques au ventriloque à côté de moi.
Ils me fatiguent.
J’ai fermé les yeux. Les paupières en béton armé.
Je suis couché. Non. Bouffi en toupie. Je le sens derrière moi. Son souffle aigre dans ma nuque. Il me découpera en tampons encreurs. Je le sais. Il ne veut que ça, des morceaudemois. Je ne bouge pas. Il me tuera.
Le ventriloque n’est pas mort, lui. J’ouvre mes volets. Je fronce les pupilles Je n’ai rien à faire.
J’ai froid.
Le tramway amas de lumière dans le ciel gris en brouillard. Je me vois à travers les arbres. Je regarde le film. Celui de tous les jours. Ils changent parfois. J’ai droit aux grandes histoires d’amour, aux déserts lustrés dans le vide.
Je vois ces vies qui s’affranchissent. Je vois ces regards perdus. J’entends les mots. Ils me font peur.
J’ai froid.
Je suis arrivé. J’ai mal aux jambes. Il m’attendra de l’autre côté du fil. Je marche.
J’ai froid.

03 mai 2007

Pastiche astiqué

Dans les favoris paranoïaques
Dans les jeunes filles en fleur
Dans les lumières acidulées
Je dactylographie ton nom

Dans les quais à pas chassés des gares
Dans les borborygmes insignifiants
Dans les bagatelles éclaboussées
Je dactylographie ton nom

Dans les souliers mouillés
Dans les flocons maternels
Dans un baiser sucré volé
Je dactylographie ton nom

Dans l'aéroplane écrasé dans mon cou
Dans de sourds mots chuchotés
Dans les peurs juvéniles
Je dactylographie ton nom

Dans un trop chaud lit d'hôpital
Dans un coquin bien épicé
Dans un sourire entendu
Je dactylographie ton nom

Dans les tangos embrasés sensuels
Dans les jardins botaniques
Dans les mains agrippées
Je dactylographie ton nom

Dans une tente bien vide
Dans un(e) coup(e) de fil tardif
Dans les manques écœurés
Je dactylographie ton nom

Dans les départs impromptus
Dans l'oiseau à moteurs
Dans un moi(s) au désert
Je dactylographie ton nom

Dans les joutes sonores robotisées
Dans les trains somnambules nommés désir
Dans les embrassades étouffées asphyxiantes
Je dactylographie ton nom

Dans les salons de lectures
Dans les beaux au bois dormant
Dans les combats de boxe à sceaux de rire
Je dactylographie ton nom

Dans les rythmes polychromes
Dans les corridors arc-boutés
Dans les jalousies grimaçantes
Je dactylographie ton nom

Dans les bouteilles de caviar vitriolé
Dans les étincelles fourmillantes
Dans les méduses à perruques
Je dactylographie ton nom

Dans les annales égrainés et sableux
Dans les pantalons pâtes d'éléphants
Dans les cinémas sorbets cassis
Je dactylographie ton nom

Dans les cafés apéritifs
Dans les balbutiement photographiés
Dans les sourires en proue contre le monde
Je dactylographie ton nom

Dans les aveux télégraphiés
Dans les manèges impuissants
Dans les têtes prêt-à-porter
Je dactylographie ton nom

Dans les rossignols printaniers
Dans des lèvres asservies
Dans la douches à sueur
Je dactylographie ton nom

Dans une langue herpétologiste
Dans la solitude accompagnée
Dans des pupilles amourachées
Je dactylographie ton nom

Et grâce à cette tête de mioche
Appelé sans concession
Grâce à ces mains et ces mots
Un baiser toujours prêt à gronder

M*.