22 mars 2007

Et Charles-Edouard dans tout ça ?

Bernard est mort. Bernard n’avait pas de vie. Ou presque. Bernard était laid. Bernard se gominait les cheveux. Bernard y traçait des sillons profonds. Bernard n’aimait pas les faux plis. Les mèches rebelles, non plus. Bernard travaillait dans un haut building. Bernard avait un beau bureau. Un bel ordinateur. De beaux crayons taillés. Une belle tasse à café. Bernard saluait tout le monde. Personne ne lui répondait. Bernard ne se sentait pas seul. Bernard avait quelqu’un dans sa vie. Mais Bernard ne savait pas que George le trompait. George fréquentait souvent le petit Maxim. Bernard ne voyait rien. Bernard avait pourtant de grandes lunettes. Bernard n’était remarqué de personne. Bernard était oublié. De tous. Bernard avait de trop grands mocassins trop bien cirés. Bernard avait une cravate bordeaux à motifs. La chemise de Bernard était tachée de sueur. Bernard saluait tout le monde. Personne ne lui répondait. Bernard rentrait chez lui. Bernard téléphonait à sa maman. Simone. Bernard s’asseyait dans son fauteuil à bascule. Duquel Bernard regardait son poste de télévision. Éteint. Bernard se couchait avec les poules. Bernard embrassait la photo de son idole. Que Bernard avait encadré. Et placé sur sa table de nuit. Avant de dormir. Bernard ne rêvait pas. Bernard se réveillait. Bernard se rasait. Bernard traçait ses sillons. Bernard a fait une crise. D’asthme. Devant son miroir. Bernard est mort. Dans l’embrasure de la porte.