19 décembre 2007

Chronique d'une faim

Dans l'angle de ma rue
Sur l'échancrure de la fenêtre
Les formes rebondies d'un décolleté
Vitrifié
Il y a des gens aux gants vert
Je leur parlais pendant que
La pluie sèche les éblouissait
D'un sourire mouillé
Les mots s'agglutinaient
Se bousculaient au coin près des
Voitures
L'une d'elle emmena mes yeux
Loin tellement loin
Que je vis une jeune femme peinte au blanc qui
Pendait son linge sale avec ses vieux sourires morts et rapiécés
Les disques trente-trois tours griffés aux mélodies sporadiques essoufflées
Elle hurlait si fort que le petit ramoneur
S'étouffa dans la suie qui embourbait le conduit auditif
Le tunnel d'un vieil homme sourd à la canne de bois
J'ai tiré à bouts de bras mes nerfs et rattrapé
Un œil après l'autre
Pour les faire frire dans la poêle
Puis j'ai cessé de parler
Et j'ai fait glissé mes doigts
Point après point
L'aiguille est rentrée dans ma peau
J'ai recousu ma barbe,
Et ne l'ai plus laisser traîner n'importe où
Avec les petits canards en caoutchouc
Qui se barbouillaient
Dans votre assiette.