08 mai 2007

Transports uncommuns

Les aiguilles se font une beauté. L’air est moite, il colle aux mains. Il pleut. Les fleurs sont mortes dans le caniveau.
Je suis assis sur le banc. Le petit se bat contre les gouttes de pluie rangées en garnisons sur le rebord de l’abri.
J’ai froid.
Le tramway montre ses bajoues. Il crisse en étincelles. Les sceaux de lumière inonde le trottoir déjà trop imbibé. Le chauffeur siffle dans son chapeau.
J’entre dans le vestibule éraillé. J’ai trouvé mon trône.
Je colle mon nez à glue sur la glace aux reflets. Les spermatozoïdes font la course sur les bas-côtés.
J’ai froid.
J’ai fermé mes gourdes acoustiques au ventriloque à côté de moi.
Ils me fatiguent.
J’ai fermé les yeux. Les paupières en béton armé.
Je suis couché. Non. Bouffi en toupie. Je le sens derrière moi. Son souffle aigre dans ma nuque. Il me découpera en tampons encreurs. Je le sais. Il ne veut que ça, des morceaudemois. Je ne bouge pas. Il me tuera.
Le ventriloque n’est pas mort, lui. J’ouvre mes volets. Je fronce les pupilles Je n’ai rien à faire.
J’ai froid.
Le tramway amas de lumière dans le ciel gris en brouillard. Je me vois à travers les arbres. Je regarde le film. Celui de tous les jours. Ils changent parfois. J’ai droit aux grandes histoires d’amour, aux déserts lustrés dans le vide.
Je vois ces vies qui s’affranchissent. Je vois ces regards perdus. J’entends les mots. Ils me font peur.
J’ai froid.
Je suis arrivé. J’ai mal aux jambes. Il m’attendra de l’autre côté du fil. Je marche.
J’ai froid.